Cela devait être la deuxième voire la troisième tentative. En ce 2 juillet, les conditions météo pour prendre le cap sud étaient favorables. La remontée est encore incertaine, les orages sont prévus, mais c’est du tempo, comme c’est le cas souvent en ce moment. On y va !
L’équipage est donc réuni pour cette nouvelle sortie club, Olivier, Thierry et moi-même. Notre destrier ZX est fin prêt, brillant comme un sou neuf.
La direction initiale vers Limoges est abandonnée, un NOTAM signalant la fermeture de la plateforme ce jour-là. Dommage, nous comptions sur un restaurant. Vichy n’est pas mieux, pour des pilotes pensant autant à la restauration qu’à la 100LL dans les réservoirs de notre créature volante. Direction Aurillac, où je sais que la cuisine locale nous attend au bar de l’aéroclub Cantalien, et que « Lolo », pilote et restaurateur nous trouvera une table malgré le monde ce jour-là pour déjeuner. Le Concorde Burger nous attend (viande de l’Aubrac, oignons, foie gras poélé), servi selon trois cuissons au choix, bleu, saignant ou « mal cuit » !
Réservoirs et estomacs pleins, l’équipage reprend la route sud, direction le pays Cathare sous un ciel voilé et crapoteux, mais tout de même CAVOK, personne ne se plaint. Et surtout pas Thierry, ambassadeur ACDIF pour nous éviter de passer pour des parisiens avec le contrôleur de Toulouse. Thierry est Albigeois, connait très bien la région, et prend un plaisir non dissimulé pour nous faire visiter le terrain de jeu entre la Montagne Noire et les contreforts pyrénéens.
La balade est superbe, débute en Aveyron avec Najac, Cordes sur Ciel puis c’est Albi, sa cathédrale, Castres, et pas moins de huit châteaux que nous visitons plus vite qu’un chinois ne visite Paris. Le passage de la Montagne Noire est magique, le nord est vert, le versant sud est plus aride, j’imagine que l’effet de Foehn y est pour quelque chose.
Aguilar, Termes, Peyrepertuse, Puivert, Thierry enchaine la visite qui prend une bonne heure au DR250, pour terminer par Monségur, autre lieu de croisade contre les albigeois. Non loin nous apercevons la mer, les paysages sont superbes et nous affichons tous trois un large sourire. D’en haut, tout est beau.
Un peu avant de rejoindre Carcassonne qui n’a pas d’essence ce jour-là, nous effectuons un stop à Pamiers pour refueler où nous observons un balais de sky-divers au-dessus de nos têtes. Le cheminement du canal du midi, qui me rappelle de bons souvenirs d’un rallye à l’aviron, nous mènera à Carcassonne, notre étape du soir, via un toucher à Castelnaudary. Etape gastronomique, mes complices aéronautiques attendent le cassoulet.
Le samedi nous réserve un ciel plus mitigé. Il fait pourtant beau en arrivant à l’aéroport où un Ryan Air embarque 19 passagers pour Dublin. Hors de question de prendre une route nord, cela ne passera pas sur le Massif Central. East or West, that is the question of the day. Ni l’une ni l’autre ne nous offre de bonnes perspectives mais si les TAF passent des tempo de pluies ou d’orages, les METAR via la vallée du Rhône sont bons et tentent Olivier. Nous voilà en route vers Tarare au nord de Lyon, longeant les reliefs accrochés par les nuages.
En arrivant à hauteur de St Rambert d’Albon, un rideau de pluie nous indique gentiment de nous arrêter. Je connais bien la plateforme et je sais qu’on aura au moins le temps de visiter la collection d’Aéro Rétro, comprenant une vingtaine de machines anciennes, maintenues pour la plupart en état de vol. Nous refuelons (toujours la priorité) puis nous dirigeons sous une faible pluie vers les hangars de l’association. Alors que je me laisse attirer par les avions, Thierry et Olivier repère le côté cuisine, où un accueil extraordinaire nous y attend. Notre déroutement MTO est en effet bien calculé, car c’est justement l’heure du déjeuner !
Je ne peux poursuivre ma visite du hangar aux parfums d’huile, d’essence et de cuir, que l’on vient déjà me chercher au prétexte que les pommes de terre vont être trop cuites. Dans la cuisine associative, une dizaine de fidèles est attablé ainsi que Thierry et Olivier. Mais quelle surprise ! La table est présidée par Jacques, l’aviateur au cigare. Un excellent repas dans la bonne humeur de passionnés d’avions anciens, qui ne manquent pas d’histoires et d’anecdotes, comme autour du tournage d’Indiana Jones, avec Jacques aux commandes du Pilatus P2 de l’association.
L’ Association Aéro Rétro
La pluie se faisant de plus en plus présente, une place de hangar nous est immédiatement offerte, pour ne pas dire imposée, car les connaisseurs d’avions anciens savent prendre soin de leurs hôtes et de leurs montures. Zoulou X-ray est immédiatement soufflé, séché, peau de chamoité par nos amoureux de belles créatures sans même avoir eu le temps de broncher, au milieu de ses frères, entre un T6, un Stearman, un Yak 11 et un Yak 18. Le voilà bien là ! Il pleut…
Le maître dans ses oeuvres !
3 heures plus tard, après une visite passionnante et détaillée de la collection avec Christopher, un coin de ciel bleu apparait. Gare à la trouée du couillon, bien connue dans la région. Thierry prépare une nav avec des aérodromes toutes les 15 minutes, il n’en manque pas heureusement. Nous voilà en vol, la visi est très bonne, sauf sous les grains que nous évitons. Si nous devons nous arrêter, nous dérouter, nous ne sommes pas trop de trois à bord pour sortir une carte, une fréquence, pour repérer les reliefs à venir. C’est important pour la sécurité. Passé Auxerre, nous retrouvons le soleil, en restant prudent sur l’effet « syndrome de l’écurie ». Rien n’est terminé jusqu’au parking ACDIF pour le Robin Capitaine de 1965, mais tout se passe bien et nous pourrons débriefer autour d’une bière. Quelle belle sortie !
Merci à Thierry et Olivier.
Laurent